Epître à Mademoiselle

A SON ALTESSE ROYALE MADEMOISELLE.

MADEMOISELLE,

Si-tôt que Melusine, la plus celebre des Fées, a sceu que VÔTRE ALTESSE ROYALE avoit eu la bonté de donner de favorables audiences aux Fées du bas ordre, & qu’elle avoit pris quelque plaisir au recit de leurs avantures ; cette Heroïne m’a inspiré de composer un corps d’histoire des merveilles qu’elle a faites à la veuë de toute l’Europe, & de le presenter à VÔTRE ALTESSE ROYALE, pour la divertir aux heures de ses loisirs.

J’ay donc recüeilli tous ces évenemens fameux ; mais pour les rendre plus agreables à VÔTRE ATLESSE ROYALE j’ay crû qu’il ne falloit pas les laisser aussi nuds qu’ils le sont dans les Chroniques, qui en font mention ; & que je devois leur donner les ornemens qui peuvent leur convenir : sans alterer néanmoins la verité des faits qui regardent le fondement de l’ancienne Maison de Lusignan, qui raporte son origine à cette femme miraculeuse.

Melusine est persuadée, MADEMOISELLE, qu’il luy est tres-avantageux d’avoir la protection d’une aussi grande Princesse que vous, pour paroître de nouveau sur le theatre du monde. Avec ce puissant secours, elle ne craindra point la faction des incredules.Tout ce qu ils pouront alleguer contre la foy, qui est deuë au recit de ses actions merveilleuses, sera détruit par le bon accuëil que vous luy ferez. Il ne manque plus que cette protection à sa gloire : C’est aussi ce qu’elle ambitione ; & moy d’avoir l’honneur d’être avec un tres-profond respect,

MADEMOISELLE,

De Vôtre Altesse Royale,

Le tres-humble, tres-obéissant, & tres-soumis serviteur,

N…