L’histoire de Mélusine parut en 1698, au plus fort de la mode du conte de fées: cette année-là, Mme d’Aulnoy fait paraître la seconde série de ses contes, auxquels s’ajoutent ceux de Mme Murat, Préchac ou encore Mailly. L’éditeur Barbin, depuis longtemps spécialisé dans les genres galants destinés au public mondain, accueille avec joie ces volumes promis à un succès rapide.
François Nodot (1650 – 1710), dont le métier était d’approvisionner les armées, s’était fait connaître au début des années 1690 : il avait prétendu avoir retrouvé à Belgrade un manuscrit perdu de Pétrone, et avait publié une Traduction entière de Pétrone qui se révéla n’être qu’une supercherie littéraire1 . L’Histoire de Mélusine, de même, se flatte de suivre de près le livre de Jean d’Arras et les Chroniques du Poitou, mais comporte de nombreux passages inventés pour plaire au public aristocratique qui se précipitait alors sur les histoires d’ogres et de fées.
- Voir J.-M. Quérard, Les Supercheries littéraires dévoilées, Paris, Paul Daffis, 1869, p. 7 [↩]