Chapitre 2, p. 18

18 HISTOIRE
prits aëriens , & les terrestres , qu’elle
s’aquit beaucoup de credit parmy* ces
peuples élementaires ; & si le desir de
se voir délivrée de sa metamorphose
des Samedis ne l’eût pas pressée , elle
eût renoncè à s’allier ayec les hommes,
pour conserver cet heureux empire.
Melusine étoit etrante de la sorte ,
quand , aprés avoir passe par la Forest
noire , & par les Ardenes , elle arriva
dans la forest de Colombiers en Poi-
tou. Dés qu’elle y fut , toutes les Fées
des environs s’assemblerent , & luy
dirent qu’elles l’attendoient pour re¬
gner dans ce lieu ; qu’il devoit la fi-
xer ; & qu’elle y trouveroit un époux;
ce qui arriva : mais pour en sçavoir
toutes les avantures , il faut prendre la
chose dés son origine.
Un Seigneur de Bretagne ayant tué
le neveu du Duc , qui y regnoit alors,
s’enfuit avec ce qu’il put emporter de
biens ; & se sauvant par les chemins de
traverse, ariva enfin dans des lieux rem¬

* Voyez le Livre intitulé LE COMTE DE
GABALIS touchant la nature de ces Peuples.
Il est fort divertissant.