Chapitre 1, p. 5

DE MELUSINE 5
disoit ce Prince , en regardant fixe-
ment Pressine , si je trouvois une per¬
sonne comme vous , Madame , qui
voulût essuyer mes larmes , je tâche¬
rois de me consoler de la mort d’une
Princesse que j’aimois tendrement.
Cette Personne seroit fort heureu-
se , Seigneur , repartit Pressine ; la
tendresse que vous avés euë pour la
premiere seroit d’un bon augure pour
la seconde. Au surplus, je ne me
flate pas d’avoir le merite que vous
croyés trouver en moy pour parvenir
à ce bonheur.
Vous n’en avés que trop, reprit le
Roy, j’en ay ressenti les effets au pre¬
mier instant que je vous ay vûë ; &
je sens du plaisir à laisser augmenter
dans mon coeur l’ardeur que vous y
avés fait naître.
Pressine rougit à cet aveu, & y ré-
pondit modestement ; toute la con¬
versation roula sur le même sujet ; elle
fut fort animée & tres galante ; enfin,
le Prince se retira pour laisser à sa nou-
velle Maîtresse la liberté de prendre
du repos.
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