Chapitre 3, p. 73

DE MELUSINE. 73
en fait ; je tiens mon Pere pour un
homme incapable d’avoir fait l’action
qu’on luy impute ; c’est pourquoy
j’accepte le duel pour luy ; & voilà
mon gage. Il sera bien vaillant, s’il
peut venir à bout de moy , & d’un de
mes Parens que je choisiray.
Quand le Duc l’entendit parler de
la sorte , il se fâcha , & luy dit , ce
ne sera pas tant que je vivray , qu’on
verra qu’un Chevalier soit obligé de
combattre contre deux , l’un aprés
l’autre , pour une même querelle ;
Olivier , il est honteux à vous d’a¬
voir eu cette pensée , c’est une mar¬
que de vôtre mauvaise cause ; sça¬
chez , que si vous êtes vaincu je vous
feray pendre avec vôtre pere , &
j’assigne vôtre combat à demain : en¬
suite , le Duc prit des cautions pour
s’asseurer de leurs personnes , & fit
garder Josselin à veuë.
Cependant , Thiery , qui étoit un
Prince fort prudent , faisant refle¬
xion au grand nombre de parens &
d’amis que ces deux puissantes Mai¬
sons avoient dans ses Estats , fit en-