Chapitre 3, p. 65

DE MELUSINE. 65
que de Josselin suivi de ses émissaires,
& quand ils virent venir vôtre pere,
ils l’encouragerent à se jetter sur luy,
disant , si vous avez besoin de secours,
nous vous aiderons ; ce que toutefois
ils ne firent point : au contraire ils
s’enfuirent aussi-tôt qu’ils les virent
aux prises , depeur d’être reconnus par
les gens du Château.
Cependant vôtre pere , qui étoit
sans armes , voyant arriver un Che¬
valier sur luy l’épée à la main , para
du bras gauche son premier coup avec
tant d’adresse, que l’épée passant à cô¬
té, il s’en saisit ; mais le Chevalier se
voyant desarmé, tira un poignard qu’il
avoit à sa ceinture, dont il frappa vô¬
tre pere ,qui sentant le coup , quoique
leger , donna du pommeau de l’épée
si rudement contre la temple du Che¬
valier, qu’il enfonça la coëffe de son
casque , & le tua; puis levant la vi¬
siere pour voir qui c’étoit, reconnut
le neveu du Duc. Ce malheur l’affli¬
gea beaucoup, & le fit resoudre à
s’enfuir; c’est pourquoy rentrant aussi¬
tôt dans son Château, il banda sa