Chapitre 3, p. 78

78 HISTOIRE
s’élevoit, & le jetta par terre. La
lance entra pour le moins d’un demy¬
pied dans son corps , & avant qu’il
pût se relever , le vainqueur sauta sur
luy & luy donna plusieurs coups de
gantelets par la tête aprés luy avoir
arraché le bassinet qui la défendoit,
ensuite il luy mit le genou sur le
ventre , & la main gauche sur la gor-
ge , si bien qu’il ne pouvoit remuer,
puis il tira un poignard de sa ceinture
& luy dit , Rens-toy, ou tu es mort.
J’aime mieux mourir , répondit Oli¬
vier , de la main d’un brave homme
comme vous , que d’un autre.
Avouë donc, repartit Raimondin,
que tu sçais que ton pere a commis la
trahison.
Comment le sçaurois-je, repliqua¬
t-il , je n’etois pas né pour lors ?
Raimondin , qui étoit persuadé de
la verité , fut si chagrin de cette ré-
ponse , qu’il luy donna encore tant de
coups de gantelet de côté & d’autre
sur les jouës , qu’il luy fit perdre con-
noissance ; ensuite le prenant par les
pieds , il le traîna hors de la lice.