DE MELUSINE. 55
choisi pour commencer ses victoires.
Aprés le soupé, le Comte & la Com-
tesse, qui faisoient les honneurs des
nôces, conduisirent l’épouse dans son
apartement. Le Prelat qui l’avoit ma¬
riée vint benir le lit, & les Cheva¬
liers se retirerent pour laisser aux Da¬
mes la liberté de la coucher, & de luy
faire tous les discours naturels , & in¬
genus , qu’on faisoit alors touchant le
devoir conjugal , & dont on ne se sert
plus aujourd’huy dans cette occasion ,
parce que la jeunesse a plus d’experien¬
ce que dans ces tems-là.
Tous ces charitables discours étans
finis , les Dames envoyerent querir
l’Epoux, qui étoit en bonne main ; car
le Comte, & tous les jeunes Sei-
gneurs de la Cour l’entretenoient ga¬
lamment du bonheur qu’il alloit a¬
voir de posseder une personne si char¬
mante : de sorte que quand on vint
luy faire le compliment de la part des
Dames , le Comte luy dit tout bas :
Mon Cousin , tout ce que j’ay veu
icy jusqu’a present , me fait craindre
que vous n’ayez cette nuit l’avanture
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