Chapitre 2, p. 24

24 HISTOIRE

glier il acheva de le tuer ; ensuite il
courut pour relever le Comte, qu’il
croyoit seulement tombé de l’effort
qu’il avoit soûtenu ; mais il le trouva
mort , & reconnut à sa blessure d’où
provenoit le coup.
Ce funeste accident le jetta dans le
dernier desespoir ; il s abandonna à
tous les regrets imaginables ; l’amour,
& la crainte firent un combat terrible
dans son cœur. Il aimoit veritable¬
ment son oncle, & il craignoit que ce
malheur étant publié on ne reconnût
pas son innocence ; vingt fois il fut
prest de se passer cette fatale épée à
travers le corps, se persuadant ne pou¬
voir survivre à la perte qu’il faisoit
d’un si bon ami, & au remords éter¬
nel de lui avoir ôté la vie.
Aprés que Raimondin eut passé
une partie de la nuit dans cette agi¬
tation , il resolut de quitter le pais ,
& d’aller errant par le monde, suivre
sa malheureuse destinée. Il s’aprocha
donc du corps de son oncle, & ré¬
pandant un torrent de larmes , il le
baisa ; ensuite il monta à cheval, &
marcha