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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 avril [1842], jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour mon Toto chéri. Bonjour mon Toto bien aimé. Comment vas-tu, mon petit homme et comment va le cher petit garçon [1] ? J’espère que tes craintes ne sont pas fondées et que d’ici à deux ou trois jours ce pauvre petit sera tout à fait guéri. Pauvre ange bien aimé, je ne peux pas souffrir la pensée que tu peux être inquiet et affligé en rien, à plus forte raison en ceux que tu aimes. Aussi, j’ai la confiance que ton cher petit enfant ne sera pas sérieusement malade et que tu n’auras pas de chagrin, jamais pour toute cette petite famille adorée et bénie.
J’ai rêvé de toi toute la nuit, mon cher bien aimé, et comme presque toujours mes rêves étaient tristes et douloureux. Les craintes vagues qui sont au fond de mon cœur se transforment en monstrueuses réalités dans mon sommeil. Je crois que tu ne m’aimes plus et je souffre comme on souffre en rêve et comme on doit souffrir dans l’enfer, car cela dépasse la douleur humaine. Enfin, mon pauvre ange, je me suis éveillée il y a déjà plusieurs heures sans avoir pu me rendormir pensant à toi, à ton cher petit garçon et t’aimant de toute mon âme. Je voudrais qu’il fût l’heure à laquelle tu viens dans la journée, pour te voir, te caresser, t’aimer et t’adorer. Tâche de venir bien vite. Clairette est dans ma chambre qui dessine [2], Foyou saute comme un cabri, Coco [3] fait sa petite chanson et moi je vous écris des bêtises comme toujours. Si j’osais, je vous prierais de me faire sortir un peu tantôt, mais je n’ose pas, car je sais que tu as à travailler, mon pauvre petit homme, ainsi je rengaine mon envie et je me borne à désirer de te voir le plus tôta possible.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16348, f. 273-274
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette

a) « plutôt ».


14 avril [1842], jeudi après-midi, 3 h. ½

Ne t’effarouche pas, mon amour, si tu me trouves au bain. Je profite du temps que j’ai devant moi et de l’air doux pour prendre un bain qui m’a été prescrit il y a trois semaines [4]. Comme je veux que ma fille en profite, c’est pour cela que je le prends si tôt. Mon pauvre amour, il me semble qu’il n’y a pas d’Académie aujourd’hui puisqu’il y en [a] eu hier. J’aurais bien voulu que tu viennes me dire comment va mon petit petit Toto [5] et recevoir des bonnes caresses dont je ne sais que faire. Pourquoi n’êtes-vous pas venu, mon adoré ? Vous voyez bien que vous n’êtes pas gentil et que j’aurais bien raison de vous gronder. Eh ! bien je ne le ferai pas cependant. Je veux être bien bonne et bien douce avec vous pour vous attendrir et vous donner tous les torts. Si cela ne me réussit pas, ma foia, je ne saurai plus à quel singe me vouer et je ficherai mon coup dans la diligence. Taisez-vous, vilain Foyou, vous ne méritez pas qu’on vous aime de tout son cœur comme je le fais.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16348, f. 275-276
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette

a) « fois ».

Notes

[1François-Victor Hugo. D’une santé très fragile quand il était enfant, il tombera très souvent malade. Depuis le début du mois de février il souffre d’une grave maladie pulmonaire qui connait beaucoup d’améliorations et de rechutes dont la convalescence n’interviendra qu’à l’automne.

[2Claire Pradier, qui depuis 1836 est en pension dans un établissement de Saint-Mandé, vit actuellement chez sa mère depuis le mois de janvier et ne sera de nouveau admise dans son pensionnant qu’au mois de mai. Elle occupe ses journées à dessiner ou aller à l’église.

[3Jacquot.

[4Prescription du docteur Triger, le médecin de Juliette. Après avoir été souffrante au mois de février, elle était en convalescence jusqu’au 18 mars, date de la dernière visite de son médecin qui lui as recommandé notamment de faire des promenades pour recouvrer parfaitement la santé.

[5François-Victor Hugo. D’une santé très fragile quand il était enfant, il tombera très souvent malade. Depuis le début du mois de février il souffre d’une grave maladie pulmonaire qui connait beaucoup d’améliorations et de rechutes dont la convalescence n’interviendra qu’à l’automne.

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