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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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14 novembre [1835], samedi matin, 10 h. 20 m.

Bonjour, mon petit chéri. Je t’aime de toute mon âme. Tu es mon cher petit homme bien aimé. Il fait un fameux froid, je suis obligée de ne sortir qu’une main à la fois de mon lit. Je pense à tes chères petites entrailles et je les plains, car voilà un temps qui ne les arrange pas. Pauvre cher petit, aiesa bien soin de te tenir chaudement, de ne pas trop travailler et d’avoir bien soin de toi. Je t’aimerai tant si tu prends soin de mon cher petit corps adoré que vraiment tu feras une bonne spéculation en te conservant un peu. Tu sais bien d’ailleurs que je veux qu’on dise : demain et non pas aujourd’hui seulement.
La bonne est revenueb de chez la couturière. Elle m’a rapporté ma robe qui sera très jolie si elle va bien. Autre sujet de giffes pour m—, c’est-à-dire pour toi.
Mon cher petit chéri, je serai bien contente si vous venez de bonne heure, si vous vous portez bien et si votre cher petit Toto va mieux. Je vous baiserai bien pour la peine et je ne grelotterai pas comme je le fais en vous écrivant. Pour trouver de la chaleur dans ma chambre, il faut que je descende dans mon cœur.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 118-119
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ayes  ? ».
b) « est revenu ».


14 novembre [1835], samedi soir, 8 h. ¼

Je n’ai pas mangé, j’ai bouffé. Aussi je sens bonne à présent. J’ai l’air d’un maçon provençal. Si vous me faites le tour de ne pas vous être enduit au dedans et au dehors d’une gousse d’ail, je vous mépriserai le reste de vos jours.
Ce n’est pas pour dire, mais je m’empeste moi-même. Si je vais sentir comme çaa ici, ça va-t-être gentil. Ce serait bien infâme à vous de m’avoir promis de manger des AULX et de n’en rien faire. J’espère pour votre honneur que vous aurez tenu votre promesse.
Mon cher petit, cher petit bien-aimé, tu ne sais pas combien je t’aime. Si tu le savais, tu serais trop heureux. Tu ne voudrais plus me quitter jamais. Nous serions trop heureux alors.
J’ai le pressentiment que tu ne viendras pas de bonne heure et cette idée-là me coupe ma satisfaction à la racine. Je n’ai plus le courage de bêtifier.
Je parle sérieusement.
Tâche de venir le plus tôt possible et pense que je t’aime comme jamais homme n’a été aimé.
Je vous baise mes deux Toto.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 120-121
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « ças ».

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