Bruxelles, 3 octobre [18]68, samedi matin, 9 h.
Bonjour, mon grand bien-aimé, bonjour. As-tu mieux dormi cette nuit que l’autre ? J’ai peur que non à cause de toutes les choses qui se pressent autour de toi en ce moment-ci. Comment va le rhume de petit Georges ? Il fait bien froid pour lui aujourd’hui et il faudra beaucoup de prudence pour le sortir et pour le baptiser, si on se décide à cela tantôt [1]. Il est probable que la marraine est arrivée et que vous festivalerez ce soir jusqu’à extinction de digestion. Quant à moi, je m’associe d’avance aux toasts nombreux qui seront portés au grand-père et au petit-fils, à son auguste famille et à tous leurs amis présents. Moi-même, je me promets de trinquer en tête à tête avec la bonne Mme Berru à votre bonheur à tous et à mon amour à moi, à notre prompt retour dans notre cher petit Guernesey, notre paradis terrestre, en demandant à Dieu de nous y laisser vivre côte à côte aussi longtemps qu’il lui plaira sans ajouter et sans nous retirer une minute de plus ou de moins à l’un qu’à l’autre.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 275
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette