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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 avril [1840], dimanche, midi ½

Bonjour mon bon petit bien-aimé, bonjour mon adoré, bonjour ma joie, je t’aime. J’en ai entendu de PHAME cette nuit. Hein ! Quel miracle que votre musique, mon Toto, c’est affaire à vous et votre petit fifre qui découpe cette guipure de sons ne m’est pas indifférent à moi. Mon Dieu que c’était donc beau, je voudrais encore y être ou plutôt j’aurais voulu ne pas sortir de cet état de ravissante extase. Dorénavant quand tu feras des rencontres comme celle qui t’a inspiré de si beaux [vers ?] je veux que tu me le disesa ou bien alors c’est que tu ne m’aimes pas et je saurai ce que j’ai à faire. Donne-moi tes chers petits pieds que je les baise : je t’aime, je t’aime, je t’aime, je t’aime. J’attends le petit Mignon ce matin, j’ai pris de l’argent à Suzanne d’avance pour n’avoir pas à lui en demander quand il viendra. Du reste je crois que j’ai fait un margouillis dans l’argent que tu m’as donné hier à diverses reprises ; je crois que j’ai marqué sur mon livre plus que tu ne m’as donné ! C’est BEN AGRÉABLE. Ce qu’il y a de sûr c’est que je n’ajouterai rien de MA POCHE. Tenez-vous le pour dit et baisez-moi de toutes vos forces. Mon Dieu quel beau temps et que je voudrais bien sortir avec vous. Baisez-moi, plaignez-moi, aimez-moi et venez me voir pour la peine que je garde la maison comme une pauvre Cendrillon tandis que tout le monde s’ébat au soleil. Et puis mon Toto je t’aime, je t’aime, je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16342, f. 29-30
Transcription de Chantal Brière

a) « dise ».


12 avril [1840], dimanche après-midi, 4 h.

Je viens d’avoir la visite de M. Manière, je t’expliquerai le service qu’il te demande. D’ailleurs il doit revenir demain à la même heure et si tu es à la maison il te l’expliquera à toi-même, ce qui ne sera pas mal car il a le don d’être parfaitement inintelligible pour moi.
Je t’aime mon Toto chéri, je t’aime mon pauvre amour ; je voudrais te soigner, te peigner, t’habiller, t’arranger, te toutouner afin que tu n’aies rien à faire qu’à vivre heureux et joyeux en faisant des vers dignesa du bon Dieu ; j’exigerais en retour que tu m’aimes de tout ton bon petit cœur et moi je continuerais à t’adorer de toute mon âme. Il est bien triste que je ne puisse te servir à rien qu’à t’aimer, je m’acquitterais cependant si bien de tous les soins de ta chère petite personne que c’est bien dommage que je ne le puisse pas. Il fait un temps ravissant, mon bon petit homme, tâchez de ne pas trop regarder la population de femelles qui se promènent dans tout Paris et diverses banlieues si vous ne voulez pas que je vous arrache les yeux en arrivant. Et puis aimez-moi et ne soyez pas huit heures sans venir me voir car j’ai bien faim et bien soif de vos baisers. Je VEUX BOIRE. Donnez-moi votre chère petite bouche rose et ne l’ôtez que quand je vous le dirai. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16342, f. 31-32
Transcription de Chantal Brière

a) « digne ».

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