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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 novembre [1840], dimanche soir, 3 h. ½

Mon Toto, mon bien-aimé, mon cher petit homme, mon charmant petit homme je t’adore. Tu es tout ce qu’il y a de bon, d’ineffable, de doux, de charmant, de noble, de généreux, de suave et de ravissant, je t’aime de toute mon âme. Je suis touchée jusqu’aux larmes quand je pense à tout ce que tu es pour tout ce qui t’entoure moi comprise. Quel dévouement, quelle abnégation, que de bonté et d’indulgence pour tout et pour tous. Oh ! va, je sens bien cela jour et nuit avec le cœur et l’âme. Aussi quand je me permets de faire des observations grotesques sur le plus ou le moins de nécessité d’un nouveau costume ce n’est pas parce que je te blâme mais parce que je suis JALOUSE. Ce mot-là renferme bien des injustices, bien des absurdités et bien des cruautés mais il renferme aussi l’amour c’est-à-dire le paradis sur la terre.
Je t’aime mon Toto. Je te dis toujours la même chose, ce n’est pas ma faute car je sens toujours la même chose : ma pensée c’est je t’aime, mon occupation de t’aimer, ma vie de t’aimer encore de cette façon je n’ai rien qui ne soit amour et je ne peux rien dire sinona que je t’aime. Tout cela pourrait être mieux dit mais ça ne peut pas être mieux senti ainsi c’est tout ce qui faut, n’est-ce pas mon amour ? Je veux que vous veniez toutes les nuits sans vous inquiéter de mon mal de cœur. Laissez-moi geindre pendant quelques minutes et être heureuse toute une matinée. Aussi je vous défends de me dire que « vous avez peur que je ne sois fâchée de vous voir, que vous viendrez moins souvent » et autres turpitudes de ce genre qui me font bouillir le sang. Depuis quand les femmes renoncent-elles au plaisir de faire des enfants pour éviter les douleurs de l’accouchement ? Et depuis quand une Juju craindrait-elle un petit mal de cœur contre un bon et gros bonheur de plusieurs heures ?

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16343, f. 177-178
Transcription de Chantal Brière
[Souchon]

a) « si non »

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