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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Bruxelles, 27 septembre 1868, dimanche matin, 9 h.

Je crains que tu n’aies pas beaucoup plus dormi que moi, mon pauvre bien-aimé, ni tes fils, ni Rochefort qui était déjà très agité et très nerveux hier soir en te quittant. J’espère qu’il ne lui arrivera rien de grave, d’abord parce que tu en as le pressentiment, ensuite parce que la sympathie que ta chère femme avait de son vivant pour ce brave et honnête homme doit se continuer plus grande et plus puissante encore au ciel que sur la terre. J’ai foi en sa protection plus particulièrement aujourd’hui encore que tout autre jour et j’attends avec confiance, sinon avec patience, le résultat de ce duel où tout le bon droit et tout l’honneur sont du côté de Rochefort. Le temps ce matin me paraît lourd comme du plomb et je ne peux pas tenir en place. Je donnerais tout au monde pour être à tantôt et savoir que tout s’est bien passé là-bas en Hollande [1]. En attendant, je t’aime par-dessus mon cœur et de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 268
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette


Bruxelles, 27 septembre 1868, dimanche, midi ½

Dieu soit loué, mon grand bien-aimé, le brave Rochefort en est quitte à bon marché d’après ce que dit le télégramme de tes fils [2]. Nous voilà tous délivrés du même coup… d’épée d’une grande anxiété et d’un grand serrement de cœur. Pour ma part, je commence seulement à respirer librement. Peut-être Rochefort et ton fils Charles voudront-ils aller rassurer leur monde à Spa aujourd’hui-même. Mais ils ne le feront dans tous les cas qu’après t’avoir vu et avec la permission de Laussedat car il est possible que, quelque légère que soit la blessure de Rochefort, elle ait besoin de soin et de repos. Berru est venu ce matin s’informer où en était l’affaire. Je lui ai promis de lui en donner des nouvelles dès que j’en aurais. J’attends pour cela le retour de Suzanne qui doit aller chez toi en sortant de la messe. Virginie m’a donné quelques détails sur votre nuit à tous. Que de fatigue et d’émotion pour toi, mon pauvre adoré !
Je t’admire, je te bénis et je t’adore.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 269
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Le duel Rochefort/Baroche se déroule en Hollande au Sas de Gand.

[2Il était convenu que Charles et Victor envoient à leur père un télégramme pour l’informer du résultat du duel. Victor Hugo reçoit à midi ces quelques mots : « Baroche, trois coups d’épée. Rochefort, un coup d’épée au bras droit. Tout est bien. Victor. ».

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