Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1868 > Septembre > 7

Bruxelles, 7 septembre 1868, lundi matin, 8 h. ¼

Comment as-tu passé la nuit, mon cher bien-aimé ? J’ai peur que la lecture d’hier t’ait beaucoup fatigué et je me reproche depuis d’avoir tant insisté pour te la faire continuer. Tu as bien fait de résister à notre admiration féroce et indiscrète. Une autre fois je tâcherai de me modérer si je peux. J’ai été très émue hier en entrant chez toi et il m’a fallu réagir de toutes mes forces pour ne pas te laissera voir mon émotion ainsi qu’à tes chers enfants [1]. Je ne m’en suis tirée qu’en priant l’âme de ta noble femme de me sourire de là-haut comme elle avait l’habitude de le faire chaque fois que je franchissais son seuil béni ici-bas [2]. Heureusement, ni toi, ni personne ne s’est aperçu de mon attendrissement douloureux et j’en remercie Dieu, d’abord, et ta chère âme après.
Mon Dieu que ton cher petit Georges est déjà beau ! Plus j’y pense et plus je le trouve PAREIL A L’AUTRE, comme disait ta petite Dédé dans son enfance, et plus je l’aime. Je voudrais être sa berceuse de jour et de nuit pour ne le quitter jamais. Ce cher petit ange réunit en lui toutes vos adorables ressemblances, la tienne, celle de ta femme et de son père, et c’est vous tous que j’aime et que je bénis dans ce doux petit être.

BnF, Mss, NAF 16389, f. 248
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]

a) Deux croix sont tracées sous « ne pas te laisser », dans l’interligne.

Notes

[1Victor Hugo note dans son carnet, le 6 septembre 1868 : « JJ a dîné avec nous. J’ai lu le chapitre du pendu dans mon nouveau roman (Par ordre du roi). » Le roman achevé ne portait pas encore le titre définitif de L’Homme qui rit, que Victor Hugo donnera à son roman le 15 novembre 1868 suite à une suggestion de Paul Meurice.

[2Après une première invitation d’Adèle Hugo à Juliette Drouet le 20 décembre 1864 que celle-ci déclina, les deux femmes se rencontrent plusieurs fois à l’occasion de déjeuners à Bruxelles à l’été 1866. Le 22 janvier 1867, Adèle rend une visite à Juliette que cette dernière lui rendra le 24 janvier. Durant le séjour estival bruxellois de 1867, Juliette est également invitée plusieurs fois place des Barricades. De retour à Bruxelles en 1868, elle fait la lecture presque tous les jours à Adèle, devenue quasiment aveugle.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne