Paris, 30 sept[embre] [18]79, mardi matin, 7 h. ½
Bonjour et joie, mon doux bien-aimé, puisque tu as passé une very good nighta. De mon côté je ne suis pas en reste de sommeil avec toi car j’ai dormi comme une soupe toute la nuit malgré, et peut être à cause de ma tasse de café du soir. À ce propos, je viens d’avoir un haut-le-cœur dont je salive encore en y pensant. Une mouche dans la soupe qu’on vient de m’apporter… j’en avais déjà mangé une cuillerée lorsque je m’en suis aperçueb ; de là, vomissement sur toute la ligne et dégoût insurmontable. En attendant qu’il passe je fais courir mes autres pattes de mouche sur le papier pour me venger de celle que j’ai failli avaler.
Je vais écrire à Robelin pour lui offrir un des deux jours que je peux lui donner dans la semaine soit mercredi ou dimanche. Je vais aussi prier les Lesclide de dîner ce soir pour rattraper le dîner d’hier que la malchance lui a fait manquer. Après cela, je l’espère, j’aurai tout à fait oublié mac rancœur qui persiste plus que de raison. Je te prie de me pardonner cette élucubration malséante et de m’aimer tout de même, moi qui t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 232
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « niht ».
b) « aperçu ».
c) « mon ».