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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 septembre [1841], samedi matin, 10 h.

Bonjour mon Toto bien-aimé, bonjour mon amour. Comment vas-tu ? Comment vont tous nos chers petits goistapioux et comment m’aimes-tu ?
Je me suis couchée à une heure du matin pour l’acquit de ma conscience car en vérité je savais que tu étais à Saint-Prix [1]. J’ai passé une nuit telle quelle. Maintenant je ne peux dormir que lorsque je te sens auprès de moi, c’est une ravissante habitude qu’il me sera bien dura de perdre cet hiver. Mais, mon cher amour, quand donc reviendras-tu aujourd’hui ? Je tremble que tu n’aies la férocité de rester encore demain à Saint-Prix, c’est ce qui me désole aujourd’hui car si j’étais bien sûre de te voir ce soir, je prendrais mon mal en patience et je ferais de nécessité vertu. Mais ce diable de demain me chiffonne et me rend malheureuse d’avance. Mon cher petit homme, tâche de venir aujourd’hui, je t’en prie, je t’en prie, je t’en prie. Je vous aime Toto, je vous adore mon cher petit o. Il fait bien beau et bien chaud, mon cher petit scélérat, mais baisez-moi et revenez bien vite.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 213-214
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « dure ».


11 septembre [1841], samedi soir, 6 h. ¼

Où êtes-vous, cher petit homme, que je vous envoie ma pensée et mon âme ? Je ne dirai pas sur l’aile des zéphirs car, outre que ça n’est plus de mode, il ne fait pas une seule bouffée d’air. Quelle chaude journée et combien vous devez être heureux, mon cher petit ver à soie, par ces 56 degrésa de rôtissoire. Moi qui n’aime pas la chaleur et qui déteste votre absence, je suis très malheureuse et très près de donner ma démission de tous mes aimables attributs d’amoureuse dans une tourtière. Mon Dieu, pourvu que vous reveniez ce soir et qu’il ne vous prenne pas fantaisie de passer toute la journée de demain à la campagne. J’en tremble plus que je n’ose le dire. Ma foi, si vous faisiez ce tour-là, il n’est pas sûr que vous me retrouviez si ce n’est à l’état de graisse fondue. Mon amour, tâche de revenir ce soir, je t’en prie de toute mon âme et de toutes mes forces. Claire est allée chez son père, elle reviendra tout à l’heure [2]. Mais je t’aime trop.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 215-216
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « degrés ».

Notes

[1Pendant l’été 1841, les Hugo ont loué à Saint-Prix, dans le Val-d’Oise, un appartement meublé de la mi-juin à la mi-octobre, et le poète y passe du temps de juillet à octobre pour terminer la rédaction du Rhin.

[2James Pradier. Claire, pensionnaire d’un établissement de Saint-Mandé, vient en général passer les fins de semaine chez sa mère et va parfois rendre visite à son père dans son atelier de la rue de l’Abbaye, accompagnée de Mme Lanvin. La semaine d’après, il va partir pour un long voyage en Italie.

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