Paris, 7 juillet [18]79, lundi matin, 8 h.
« Et toujours de la pluie ! » [1]
Et toujours je vous aime ! dormez par là-dessus, mon grand petit homme, cela ne peut pas vous faire de mal. Il n’en esta pas de même pour ma pauvre patte qui ne sait plus où donner du pied tant elle souffre [2]. Pendant ce temps-là ma chambrière prépare sa poudre d’escampette sous prétexte d’aller voir ses parents… et autres, comme dirait Lesclide. Mais comme depuis trois mois elle n’est pas sortie… pour elle, je trouve juste de lui donner cette permission de trente heures.
Jusqu’à présent il n’y a aucune explication de l’abstention de Mme Crémieux. J’espère pour elle et pour son jeune fils qu’il ne leur est rien arrivé de fâcheux sérieusement.
Tu as reçu une nouvelle invitation à une fête de nuit républicaine sous le patronageb de Gambetta et des quatre conseillers municipaux du vingtième arrondissement au profit des écoles (« les donsc de toute nature pouvant servir de lots pour la tombola seront reçus avec reconnaissance »). À toi à répondre maintenant par un don pouvant servir de lot. Quant à la fête de nuit, c’est ad libitum, à toi d’en user ou de t’en abstenir, tu as le choix. Ce soir nous avons à dîner le citoyen Alexandre Rey, les deux Allix [3], Talmeyrd [4], et peut-être Lecanu. Heureusement que ta cuisinière va de mieux en mieux, ce qui doit tranquilliser quelque peu ta conscience. Moi je t’aime à cœur continu sans peur et sans reproche.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 171
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « n’est ».
b) « patronnage ».
c) Le mot est écrit deux fois.
d) « Talmeir »