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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 mai 1841

12 mai [1841], mercredi matin, 11 h. ½

Bonjour, cher petit Picardet [1], bonjour ravissant Picardet, bonjour cher adoré et bien-aimé Picardet, Picardot, Picardini. Je t’aime toi. Tu es bien revenu n’est-ce pas ? Tu ne viendras plus maintenant que dans trois semaines  ? Ia, ia il est son sarme. Fort spirituel, Picardet, voime, voime, voime. Hum que j’ai bien envie de vous fiche des claques, Picardet. Cela irait au mieux sur votre nez Picardinet et me désopilerait un peu le GÉGIER que j’ai très malade de tous les déjeuners rentrés que j’avale depuis 8 mois que nous sommes revenus de voyage [2]. Ia, ia monsire, j’ai une envie de grosse femme à cet endroit de votre museau. Il me semble que cela me consolerait de vous flanquer des calottes, qu’en dites-vous Picardet ? En attendant ne me faites pas trop attendre après un malheureux pauvre petit baiser après lequel je soupire depuis 12 heures. Tâchez de venir tout de suite ou sinon je me fâcherai pour de bon, entendez-vous ça ? Sérieusement.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16345, f. 141-142
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette


12 mai [1841], mercredi après-midi, 4 h. ¼

Prenez garde de vous casser les jambes en courant si fort pour venir chez moi, mon cher monsieur Picardet, prenez bien garde. Si j’étais derrière le VÔTRE je vous y donnerais de fameux coups de pieds dedans pour vous faire voir trente-six chandelles et pour faire avancer plus vite. Quel affreux bonhomme de Picardet vous êtes, allez. Si jamais je rattrape mon cœur de vos griffes vous aurez beau courir, du diable si je vous le rendraia. Ia, ia monsire BICARDET, vous pouvez compter là-dessus. En attendant je ne compte sur rien, c’est ce que j’ai de mieux à faire pour ne pas compter sans mon AUTRE.
Je me suis informéeb hier du prix de la commode de M. Chauvet, il a dit 40 F. pour en avoir 25 ou 30 F. à ce que dit le portier. Ce serait une bonne occasion si nous avions quelque peu d’argent, elle est très grande et très propre. On la voit de la cuisine et le portier ajoute qu’elle est très bonne et qu’elle ferme très bien, ce qui n’est pas à dédaigner. Bref, s’il y avait moyen de l’acheter je t’y engagerais fort car j’ai besoin d’un meuble quelconque, coffre, armoire ou commode [3]. J’ai encore plus besoin de vous [voir  ?].

Juliette

BnF, Mss, NAF 16345, f. 143-144
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « rendrais ».
b) « informé ».

Notes

[1Juliette s’inspire sans doute de Voltaire qui, dans ses lettres de septembre 1761 à son ami M. Le comte d’Argental, mentionne un académicien typique de Dijon qui porte ce nom (deux frères en réalité) qu’il tourne en ridicule en l’empruntant (avant de le transformer en Picardin) pour signer l’une de ses comédies, L’Écueil du sage, ou Le droit du seigneur. Remerciements à Jean-Marc Hovasse qui a identifié pour nous cette référence.

[2Du 29 août 1840 au 2 novembre 1840, soit pendant deux mois, Victor Hugo et Juliette Drouet sont partis pour leur voyage annuel, en malle-poste, pour la région du Rhin et la vallée du Neckar.

[3Le jeudi 15 avril au matin, les époux Chauvet, voisins du dessus de Juliette, ont déménagé, quittant le 14 de la rue Sainte-Anastase, et ils ont été remplacés le mercredi 21 avril par un couple de futurs mariés. Ils n’ont manifestement pas pu emporter ce meuble fort encombrant et Juliette l’achètera en juillet (voir la lettre du 23 juillet).

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