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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mars 1838

21 mars [1838], mercredi matin 11 h. ¼

Bonjour mon bien-aimé, bonjour mon courageux et noble amant, bonjour je t’adore. Je voudrais que tu fusses dans mon cœur pour savoir de quelle nature sont les regrets que j’exprime. Je ne me plains autant de ne pas te voir que parce que j’ai besoin de savoir que tu prends quelques heures de repos, ce dont j’ai malheureusement raison de douter. Je voudrais baigner ton beau corps bien aimé dans des flots d’amour et de caresses pour le délasser. Je voudrais frictionner tes adorables petits pieds avec mes lèvres, enfin je voudrais t’entourer, t’envelopper d’amour qui ne fait pas de mal, au contraire, de l’amour qui guérit le corps et repose l’âme. Je m’explique mal mais ce que je veux est très juste et très bon, et l’impossibilité de l’avoir fait mon tourment et mes regrets.
J’ai rêvé de toi toute la nuit, mon cher adoré. Je me suis endormie tard et réveillée plusieurs fois dans la nuit, et toujours en pensant à toi, et toujours en t’aimant de toutes mes forces et de toute mon âme. C’est ce soir que vient ma Claire, je voudrais bien qu’on donne demain ma sublime Marion. Je l’y mènerais avec d’autant plus de joie que c’est le spectacle le plus moral et le plus saisissant qu’on puisse faire voir à une jeune fille quelle quea soit sa condition. J’ai mauvaise grâce à faire ici la mauvaise femme raisonneuse mais ce que je te dis si mal, je le sens admirablement bien. Je sens qu’il n’y a rien au-dessus de Marion ni pour le cœur ni pour l’esprit, c’est sublime en tout.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16333, f. 170
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « quelque soit sa condition ».


21 mars [1838], mercredi soir [9  ? 7  ?] h. ½

Mon adoré petit homme, je pense à toi, je t’aime, je suis ravie de notre petite promenade. J’ai faim, j’ai soif, je voudrais te manger et te boire. Je t’adore, pauvre bien-aimé, que je t’aime ! Je suis heureuse que tu aies la jolie petite fontaine, une seule chose manque à mon bonheur, c’est de ne te l’avoir pas donnéea de mon argent.
Tiens ! Voilà Claire et voilà Mme Lanvin. Je ne sais pas encore le sujet du retard. La mère Lanvin prétend qu’elleb m’a dit qu’elle viendrait le soir pour l’heure du dîner, il paraît que je suis sourde et absurde. Au reste tout s’arrange très bien puisque nous voilà tous réunis. Décidément la providence est une bonne chose. Je t’aime cependant mieux qu’elle et que tout au monde. Je t’adore. Jamais je ne l’ai mieux sentic qu’aujourd’hui. Quelle joie de respirer avec toi ! Quel bonheur de tout admirer avec toi et surtout dans toi car je ne suis rien qu’à travers toi, tu es ma lumière et mon soleil. Si tu veux venir me prendre après dîner pour marcher, je suis prête. Jour Toto, soir pa, soir man. Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 172
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « donné ».
b) « que elle ».
c) « sentie ».

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