3 juin 1863

Guernesey, 3 juin [18]63, mercredi matin, 7 h.

Est-ce bien vrai que tu as bien dormi toute la nuit, mon cher bien-aimé ? Si cela est, comme je l’espère, alors joie et bonheur au ciel et sur la terre et dans nos cœurs. Quelle ravissante promenade hier et quelle bonne soirée ! Rien n’y manquait, si ce n’est un peu plus d’entrain de la part de nos deux chiens de faïence Kesler-Marquand. Mais cela ne nous a pas empêchés^a d’être très heureux. Je regrette que ce ne soit pas tous les jours fêtes et FESTIVAL ; c’est-à-dire que je regrette tous les moments que je passe loin de toi, si cela dépendait de moi je serais l’ombre de ton ombre et je ne te quitterais jamais pas même en rêve. Cependant, tels que nous sommes, je suis heureuse autant qu’une créature peut l’être en ce monde et je remercie Dieu de mon bonheur avec toute l’effusion de mon amour pour toi. J’attends avec une tendre impatience le moment où je te verrai pour savoir au juste comment tu vas. Mais voici un temps fait pour toi, mon cher petit saurien (ne pas lire vaurien) aussi je m’en réjouis pour le bien qu’il te fera. Tantôt nous ferons une bonne petite promenade sur nos simples pattes, pour n’en pas perdre l’habitude et puis demain soir un tour de l’île au clair de lune, ce sera charmant. En attendant toutes ces diverses EXCURCHIEUNES je te surveille CHÈRE PETITE. Je profite de mon poste [1] qui ne me restera pas longtemps maintenant, hélas ! et je t’adore : bes otte.

J.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 146
Transcription de Chantal Brière

a) « empêché ».