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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 25 octobre [18]63, dimanche matin, 7 h. ¼

Bonjour, mon grand, mon doux, mon ineffable bien-aimé, bonjour. J’espère que tu as passé une meilleure nuit que la mienne car autrement ce serait sans compensation pour moi, ce qui ne serait pas juste et le dieu AZAÏS [1], lui-même, ne peut pas le vouloir. Du reste tu vois par cette ébauche de coq-à-l’âne que je n’en vais pas plus mal ce matin, AU CONTAIRE. Donc si tu as bien dormi tout est pour le mieux en ce monde. Mon cher petit homme, je te supplie de ne pas donner suite à ton projet de mettre Mme Chenay de garde chez moi. Outre que ce serait tout à fait illusoire, en tanta que service affectif, à moi rendu, ce serait pour la pauvre femme une corvée hideuse dont elle s’apercevrait sitôt la première curiosité satisfaite. Ce qu’il faudrait ce serait une autre moi-même à poste fixe depuis le matin jusqu’au soir, et encore ces paresseux systématiques trouveraient-ils moyen de perdre leur temps. Je verrai Gore officieusement demain ; je lui dirai combien tu es mécontent et le risque qu’il y aura pour lui dans l’avenir à t’avoir donné une mauvaise opinion de sa délicatesse en matière de travail et de direction. Je tâcherai de stimuler son amour-propre en lui faisant espérer ta pratique pour plus tard. Je crois que c’est le seul moyen possible, les choses étant en cet état. De plus, j’enverrai Suzanne d’heure en heure et davantage s’il le faut ; j’irai moi-même, ce qui me forcera à sortir et à faire un peu d’exercice ; enfin, mon pauvre adoré, tu tâcheras de faire acte de présence encore plus souvent de manière à ne leur laisser aucun répit. Voilà, je crois, la solution pratique pour le moment. J’espère que tu la trouveras bonne. En attendant je te baise de toute mon âme.

BnF, Mss, NAF 16384, f. 235
Transcription de Gérard Pouchain

a) « temps ».

Notes

[1À élucider.

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