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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 juin 1855

Jersey, 5 juin 1855, mardi matin, 7 h. ½

Cher adoré, je t’envoie ce bonjour matinal tout trempé de la rosée de mon cœur. C’est lui qui t’ouvrira les yeux quand tu t’éveilleras, c’est lui que tu respireras dans l’air et qui caressera tes cheveux, tes yeux et tes lèvres dans le baiser de lumière qui enveloppera toute ta chère petite personne en sortant du lit.
J’ai suivi ton conseil et jusqu’à présent il n’y a de brûlé que mon pauvre corps. Le rhume, lui, en revanche, se porte mieux que jamais et j’éternue ce matin à faire trembler les vitres. J’en prends mon parti et je porte bravement mon coryzaa à nez tendu. Ce qui me vexe c’est d’avoir perdu hier au soir en vous conduisant un mouchoir de poche tout neuf. Cette amère dérision de la situation, cette ironie de mon infirmité et de ma misère m’a été très sensible et je n’ai pas ri du tout de cette mauvaise plaisanterie du sort qui m’enlève un de mes plus indispensables instruments de…. torture. Sans compter que je ne vous vois presque plus depuis que vous avez changé vos habitudes. Tout cela n’est pas fait pour me désenchifrener, convenez-en et plaignez-moi. En attendant, je vous aime sans désemparer et je vous attends à poste fixe comme une Juju bretonnante [1] que je suis et je vous baise à perdre haleine si vous le permettez.

BnF, Mss, NAF 16376, f. 237-238
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « coriza ».

Notes

[1Juliette Drouet est née à Fougères.

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