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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 mai 1855

Jersey, 24 mai 1855, jeudi soir, 5 h.

Voici une restitus, qui à défaut d’autre mérite, a celui d’être courte et bonne. Maintenant je me hâte de la remplir jusqu’aux bords pour vous copire les choses après lesquelles vous attendez. J’entasse donc pêle-mêle mon cœur, mon âme, mes baisers, mon style, ma stupidité et mes pataquès, la charrue et les bœufs, vous laissant vous dépêtrer de tout cela comme vous le pourrez. Quant à VOTRE veloursa, on vous en rendra d’autre, non moins huppé, quand vous en aurez besoin. D’ici-là, soyez calme et généreux et laissez-vous dépouiller avec confiance. Voilà ce que je vous éternue sur l’honneur le plus sacré. En attendant, tâchez de ne pas oublier ma commissionb pour Miss Ailex afin que je puisse faire mes provisions demain matin en conséquence. Je suis trop heureuse de m’enfoncer en si bonne compagnie. D’ailleurs il est connu qu’en toute chose on se retire sur la quantité, c’est là-dessus que je compte pour faire fortune (je ne sais même pas écrire ce mot hétéroclite FORTUNE) et je vous aime comme une CRÉSUS d’amour que je suis.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16376, f. 221-222
Transcription de Magali Vaugier assistée de Guy Rosa

a) « velour ».
b) « commisson ».

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