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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 février [1836], mercredi soir, 9 h. ½

Bonjour mon cher petit frère ou mon cher petit chien, ou mon cher petit chat. Comment que ça va ce matin ? Nous avons échappé à un grand malheur hier, sans nous en douter ; peu s’en est fallu que nous n’ayons plus eu besoin d’autre appartement que le Cabinet de l’hôtel garni. J’en suis encore toute tremblante. Voici ce que c’est : en ouvrant mon volet, ce matin, j’ai trouvé mon rideau de mousseline brûlé de toute la hauteur d’un carreau. Je me suis informée de ce que c’était : on m’a répondu qu’hier au soir en voulant ramasser quelque chose à terre, on avait mis le chandelier sur le rebord de la croisée, qui avait mis le feu plus que naturellement au rideau. Maintenant, il faut leur savoir gré d’avoir eu le courage et la présence d’esprit de l’éteindre avec leurs mains car sans cela toute la maison était brûlée. Dorénavant, je ne les laisserai plus dans mon appartement à moins que je sorte au moment où il faut montrer l’appartement. Tout cet événement a pris la place des verbiages de cœur que je te fais chaque jour matin et soir, mais je peux te dire avec un mot ce que [je] te dis avec toute la langue : je t’aime, mon Toto bien aimé, je t’adore, je suis à toi. Fais de moi ce que tu voudras, bats-moi si tu veux, mais aime-moi.
À bientôt mon chéri, je pense à toi et je vous aime.

Juliette


BnF, Mss, NAF 16326, f. 89-90
Transcription d’André Maget assisté de Guy Rosa

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