Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1862 > Mai > 18

18 mai 1862

Guernesey, 18 mai 1862, dimanche matin, 7 h.

Bonjour, mon ineffable bien-aimé, bonjour, que Dieu te garde en gloire, en santé, en bonheur dans cette vie. Moi, je te garde, mon amour, pour l’éternité. Je n’ai pas pu t’embrasser ni même te serrer la main hier, pendant que tu te baignais les yeux, au moment de partir, Mme Engelson ayant pris à tâche de me retenir pour me dire deux ou trois banalités de politesse dont je me serais très bien passée. Je la soupçonne d’y avoir mis un peu de malice et je la lui pardonne, à la condition qu’elle s’arrêtera là. Ce petit incident dont tu ne t’es même pas aperçu m’a assez vivement contrariée pour que je me sois couchée assez tristement. Je ne veux pourtant pas attribuer à cette petite déconvenue de mon cœur la mauvaise nuit que j’ai passéea car cela ne serait pas vrai. J’ai eu mon pyrosis [1] très violemment, ce qu’il était facile de prévoir après ma mauvaise digestion de la veille ; puis, par la même raison, j’ai très peu et très mal dormi. Mais je ne souffre plus ce matin et pourvu que tu aies passé une bonne nuit, que tu te portes bien et que tu m’aimes, je suis la plus heureuse et la plus gaillarde des Jujus passées, présentes et futures et je t’adore.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 126
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

a) « passé ».

Notes

[1Pyrosis : sensation de brûlure partant du creux de l’estomac et remontant vers la bouche, pouvant s’accompagner de régurgitations alimentaires involontaires.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne