9 décembre 1861

Guernesey, 9 décembre 1861, lundi matin, 8 h.

Bonjour, mon cher petit homme béni, bonjour, santé, joie, force, gloire, amour et bonheur pour toi. Voilà le bonjour que mon cœur t’envoie dans un baiser. J’espère que tu as aussi bien dormi que moi quoique tu sois levé plus tôt ? Quel homme tu fais, mon cher grand bien aimé ! Tu as tous les dons y compris celui de l’activité poussée jusqu’aux dernières limites. Quant à moi, je ne suis qu’une FOUAIBLE femme comparée à toi, une bonne à rien, un vieux coffre sans BOSSAGES (le mot est permis). À propos de bossage, mais pas de Guérin, j’ai cherché et trouvé la lettre de ton Danois [1]. C’est bien à Paris qu’il demeure et tu pourras lui écrire quand tu voudras ou plutôt quand tu pourras. Je te la donnerai ce matin avec deux ou trois vieux journaux du mois dernier. Maintenant, mon cher adoré, je te demande la permission de prendre position vis à vis des Marquand et de ne pas attendre pour cela l’arrivée de ta fille. Nous en sommes déjà presque convenus hier, mais cela ne suffit pas si je ne me mets pas en mesure d’[avancer  ?] envers eux. Du reste, c’est le cadet de mes soucis en tant^a que plaisir, mais c’est un sacrifice réel au point de vue de mon amour. Quant à mon amour propre, ma fierté m’empêche de le sentir et je ne lèverai pas le bout de mon petit doigt pour lui donner l’ombre de l’ombre d’une satisfaction. Ceci dit, mon adoré, je te baise humblement comme il convient au bas d’un pauvre gribouillis.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 174
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette

a) « en temps que ».