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Paris, 3 juillet 1882, lundi matin, 8 h.

Décidément je crois que Victor l’emporte sur Médard et le soleil sur la pluie [1]. Donc gloire à lui, Victor, sur la terre comme au ciel, et foin de Médard partout où il se trouve et ailleurs. Il fait beau, je t’aime, soyons heureux. Pour peu que tu hâtes ton débarbouillage ce matin, tu peux avoir et nous donner le plaisir assez rare, d’ailleurs, de déjeuner en famille. Le reste de l’après-midi pourrait être consacré à aller acheter des souliers dont tu as le plus grand besoin ; ou à lire les lettres et les journaux, sans parler de la réponse que tu as à donner à l’invitation de l’Hôtel de Ville [2] et à la Jeune Revue [3] qui en attend une aussi, depuis longtemps. Je me crois obligée en conscience de t’en faire souvenir au risque de t’embêter outre mesure. Cher bien-aimé, la journée est belle, nous nous aimons, c’est le cas ou jamais d’être heureux.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16403, f. 126
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

Notes

[1] Allusion au dicton déjà évoqué dans de précédentes lettres ; « S’il pleut à la Saint Médard, il pleuvra quarante jours plus tard à moins que Saint-Barnabé ne lui coupe l’herbe sous les pieds . » Comme dans le billet daté du 1^er juillet, Juliette attribue ici la victoire à Victor plutôt qu’à Barnabé.

[2] Incendié pendant la Commune, l’Hôtel de Ville de Paris fut reconstruit entre 1874 et 1882 sur les plans des architectes Ballu et Deperthes. Son inauguration, le 13 juillet à 18 heures, fut suivie d’un banquet et se poursuivit le lendemain, jour de la fête nationale.

[3] Lettre de remerciement à la suite de la publication dans cette revue d’un article sur Torquemada.