Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1839 > Mars > 7

7 mars 1839

7 mars [1839], jeudi matin, 11 h. ¾ a

En vérité, en vérité, je vous le dis, tout homme qui ne tient pas à ses promesses sera réputé un mauvais amant et celui qui regardera le soir au pied du lit si sa toilette de nuit y est quand il sait qu’il ne reviendra qu’au grand jour sera regardé comme une bête. En ce temps-là, Juju dit à son Toto : « Vous n’avez pas le sens commun, vous laissez tomber et manger aux vers les beaux fruits de l’âme au lieu de les cueillir avec amour et de les savourer avec délices comme des fruits merveilleux venus du jardin du paradis. » En vérité, je vous le dis, vous ressemblez plus à un homme fol qu’à un bon jardinier qui double par son labeur les biens de la terre.
Je vous le dis, en vérité, en vérité, que celui qui veut récolter sème, que celui qui veut être heureux aime.
Je suis sûre, mauvais chrétien que vous êtes, et encore plus mauvais amoureux, que vous ne comprenez pas la parabole. Toujours est-il que j’ai passé une nuit absurde, dormant peu et vous désirant de toutes mes forces. Maintenant j’y renonce. Je ne veux plus vous désirer puisque cela ne fait que vous repousser au lieu de vous attirer, je vous aimerai tout de même parce qu’il ne dépend pas de moi de ne pas le faire mais vous êtes un vilain.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 235-236
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Massin]

a) Deux croix d’une autre main entre la date et le début de la lettre.


7 mars [1839], jeudi soir, 10 h.

Je vous dis que je vous aime, mon Toto, et que vous aurez un très joli chapeau GRACE À MOI. J’ai trouvé Mme Triger chez Mme Pierceau et puis j’ai trouvé votre cravatea achetée et ourlée. Maintenant il faut la payerb par de monnaie, par un sou dans la caisse. Il paraît qu’on ajourne Mme Krafft de jour en jour au théâtre de la Renaissance, du moins à ce que sa sœur, Mme Franque, a dit aujourd’hui de la part de Mme Krafft. C’est toujours assez désagréable surtout dans le moment où j’attends Gérard. Enfin, il paraît que la caisse de ces messieurs n’est pas plus en fond que leur probité et leur intelligence, ce qui se borne à 0. Ha ça, quand donc vous décidez-vous à avoir TRENTE-SEPT ANS [1] ? Est-ce que par hasard, MONSIEUR LE VICOMTE, vous n’êtes pas NE ? comme on dit dans le faubourg Saint-Germain ? C’est que je tiens beaucoup à constater votre âge, moi, par acte, sinon très civil, du moins très précis et très authentique. Et puis je veux ma petite médaille, et puis je veux vos armoiries peintes [par ce pauvre Fossombrone  ?] Et puis je veux de l’amour, tout plein d’amour, et puis encore enfinc je veux beaucoup de choses que vous ne me donnerez pas et que je désire pourtant bien ardemment : C’EST VOUS.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 237-238
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « cravatte ».
b) « payée ».
c) « enfin enfin ».

Notes

[1Victor Hugo a eu 37 ans le 26 février mais Juliette et lui n’auraient toujours pas fêté l’événement.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne