17 mars 1863

Guernesey, 17 mars [18]63, mardi^a, midi ½

Le temps n’est pas encore assez sûr et je ne suis pas moi-même assez vaillante pour oser me risquer aujourd’hui dans une promenade avec toi, mon cher petit homme, quels qu’en soient^b la tentation et le désir que j’en ressens. Mais dès que le soleil sera assez fort pour enlever tous mes bobos tu verras comme je me rattraperai^c et comme je jouerai des GAMBES. Jusque là, je me frictionne et je bisque. À propos de bisque, toujours même silence de Rouen [1], ce qui me fait croire qu’on n’a pas reçu ma lettre parce que l’embarras d’une réponse n’est pas un motif suffisant pour n’en pas faire du tout. Tantôt j’écrirai pour m’informer de la chose mais en attendant tu peux convenir avec moi que le GUIGNON me comble de ses plus aimables faveurs, moins agréables toutefois^d que la splendide QUEUE [2] que vous a donnée hier la charmante JOSEPHAGNE [3] à charge de réciprocité de votre part. Voime, voime, fort galant, [pastorale et bergerie et ?] [illis.] de carton pour moi.

Juju

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 72
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette place l’année après le nom du jour.
b) « quelqu’en soit ».
c) « rattrapperai ».
d) « toutes fois ».