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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 mai 1863

Guernesey, 25 mai [18]63, lundi après-midi, 1 h. ½

Je suis encore desheurée [1], mon doux adoré, mais cela importe peu à ma restitus qui n’est jamais moins stupide le matin que le soir, voirea même à midi. Je t’aime, il faut que cela te suffise comme à moi puisque je ne peux pas faire mieux. En ce moment je suis obsédée par unb orgue de barbarie qui tourne sa manivelle depuis plus d’une heure dans le voisinage. Je ne connais pas de bruit plus abêtissant que celui-là ; ce serait à crétiniser le cerveau le mieux conformé. Et pas moyen de se soustraire à cette tyrannie de seringue désorganisée que le diable emporte. Du reste si ce bonhomme invisible et si désagréablement bruyant assourditc les oreilles, tout est silencieux et mort en apparence tout autour de la maison. On dirait que rien ne vit, plus que ce musicien enragé. Moi-même j’en deviens [hydrophobe ?]. Pourtant je voudrais te parler d’autre chose de moins discordant et qui plaise mieux à mon cœur. Je t’aime, mon cher petit homme, ce mot est pour moi ce que la terre était pour Antée chaque fois qu’il la touchait. Mon corps, mon cœur, mon âme, tout revit et se ranime en moi dès que ma pensée touche à mon amour. Je t’aime voilà le commencement et la fin de tout mon esprit je ne sais rien autre chose mais je le sais bien. Je t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 137
Transcription de Chantal Brière

a) « voir ».
b) « une ».
c) « assourdi ».

Notes

[1Désheuré : bouleversé dans son horaire.

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