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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 mai 1863

Guernesey, 17 mai [18]63, dimanche matin, 8 h.

Encore une mauvaise nuit pour toi, mon pauvre bien-aimé, je le vois par l’heure à laquelle tu t’es levé. Tu as beau me faire des signes rassurants et joyeux [1], je n’en sais pas moins que tu as mal dormi et cela me trouble au fond de l’âme. Déjà, hier au soir, après ta lecture, si intéressantea et si amusante pour tout le monde, tu paraissais fatigué et triste. Pourquoi ? Est-ce que tu souffrais, mon pauvre adoré, est-ce que tu avais quelque souci inconnu ? Je ne pouvais pas te le demander devant tout le monde, mais je tâchais à force de tendresse magnétique de détendre et d’apaiserb ton corps et ton esprit. Je crains de n’y avoir pas réussi assez pour que tu aies passé une bonne nuit. Encore si j’étais sûre, bien sûre que tu vas bien ce matin et que tu n’es pas triste, je ne m’inquiéterais pas des suites possibles de ton insomnie ; mais, à distance, les apparences sont si trompeuses que je ne me fie pas à celles que j’ai cru voir dans ta pantomime joyeuse. J’attendrai que je t’aie vu pour me tranquilliser tout à fait. Ah ! tu viens de retirer ton lit du balcon. Tu as bien fait car il pleut et je crois que le temps sera assez brumeux tout le reste de la journée. Cela ne nous empêchera pas de sortir, je l’espère, et déjà je prépare mes clics et mes clacs à cette intention. Jusque là, mon grand, mon doux, mon ineffable bien-aimé, je te prie de ne pas trop te fatiguer, de n’être pas triste, de m’aimer et de ne pas trop regarder les [BES ?], les [OTTES ?] des autres ou je vous ficherai des bons coups. Vous êtes averti, prenez garde à vous car je vous aime FURIEUSEMENT.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 128
Transcription de Chantal Brière

a) « interressante ».
b) « appaiser ».

Notes

[1Hugo et Juliette s’adressaient des signes d’une maison à l’autre.

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