Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1863 > Avril > 28

Guernesey, 28 avril [18]63, mardi matin, 7 h.

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour je t’aime voilà le fond et le tréfondsa de mon cœur. Je crains que tu n’aies encore mal dormi cette nuit à en juger par l’immobilité de ton petit intérieur. Il est probable que toute cette affaire de maison [1], d’arriéré t’agite autant que moi et que, comme moi peut-être, tu regrettes d’être allé si loin ? Mais il est encore temps de nous arrêter à moitié chemin en ne louant pas cette grande maison dont ma santé n’a que faire en somme. L’aveu que je t’ai fait avec tant de [cruauté ?] n’avait pour but que de t’empêcher de faire ce bouleversement dans nos chères habitudes aub prix d’un grand sacrifice d’argent. J’aurais désiré pouvoir en causer avec toi hier au soir d’une manière sérieuse et définitive mais il n’y a pas eu moyen. J’espère avoir le temps de t’en dire un mot tantôt quand tu viendras baigner tes yeux. Peut-être vaudrait-il mieux dire carrément à Martin que les vingt-quatre heures qu’il m’a laisséesc de lui-même ont porté conseil et que je renonce à sa maison purement et simplement. Tant qu’une affaire n’est pas signée on a, on doit avoir le droit d’y renoncer sinon à quoi bon la signature ? Tu prendrais le temps de me dicter la lettre de dégagement que j’enverrais tout de suite par Suzanne pour m’épargner l’embarras de me dédire crûment au nez dudit Martin. Vois-tu, mon pauvre adoré, la pensée de te perdre de vue [2] et de laisser à d’autres, à UNE AUTRE, le bonheur de te voir tous les jours et à tous les instants de la journée m’attriste et me trouble à un point que je ne peux pas dire. D’ailleurs pour la santé comme pour le bonheur le mieux est l’ennemi du bien. DONC RESTONS ENSEMBLE LE PLUS POSSIBLE.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 109
Transcription de Chantal Brière

a) « tréfond ».
b) « aux ».
c) « laissé ».

Notes

[1Hugo veut louer pour Juliette le n° 20 de la rue Hauteville.

[2Juliette ne souhaite pas quitter La Fallue d’où elle aperçoit Hauteville House la maison de Victor Hugo.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne