14 juin 1879

Paris, 14 juin [18]79, samedi matin, 7 h.

Bonjour, mon grand bien-aimé, puisse ta nuit ne me laisser rien à désirer et je serai bien heureuse. En attendant je me prépare à t’accompagner, quelque temps qu’il fasse, et quel que^a soit le mauvais vouloir de ma méchante jambe. Autre chose de plus intéressant que ce maussade bobo c’est un mandat de 50 F. que t’envoie^b le président de la Société de secours aux amnistiés de la ville de Salon avec une lettre très généreuse que tu liras avec intérêt j’en suis sûre. En même temps il en est venu une autre d’un ancien proscrit de Jersey appelé Goupil qui te supplie d’intervenir auprès du ministère^c de la Guerre pour empêcher son fils soldat (fourrier) d’être condamné pour avoir vendu du biscuit avarié refusé, dit-il, par ceux qui devaient le manger. Tu verras la lettre et tu apprécieras comment et jusqu’où peuvent aller ton indulgence et ta pitié. Enfin, mon grand petit homme, je te supplie de ne pas te lasser de la monotonie de mes gribouillis qui se ressentent par trop de la monotonie de mon amour invariable et éternel.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF, 16400, f. 152
Transcription de Chantal Brière

a) « quelque ».
b) « t’envoye ».
c) « ministerre ».