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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 13 novembre [18]64, dimanche, 2 h. après-midi

Tu vois que j’avais raison, mon cher petit homme, en te faisant remarquera tantôt l’impossibilité de se promener par ce temps diluvien. Toi-même, malgré tes traditions gribouillesques tu feras bien de venir t’installer auprès de mon feu au lieu de te fourrer dans la pluie de peur de l’eau. Quant à mes servardes il paraît qu’elles n’étaient pas dans leur tort et que c’est moi qui n’avais pas compris qu’elles allaient à la messe ensemble ce matin et qu’elles emportaient la clé de la grille, ce qui les dispensait de fermer la porte de la cuisine. Voilà la vérité. J’ai rengainé ma gronde pour une meilleure occasion, trop heureuse de n’avoir pas à m’en servir cette fois-ci. Tu m’as envoyé une magnifique assiettée de raisin blanc pour MOI SEULE, a dit Marianne, mais mon cher adoré je ne mange pas de dessert à déjeuner et encore moins dans la journée et quand même j’en mangerais je te demanderais encore de savourer celui-ci ensemble pour que j’aie tout à la fois le plaisir de grappiller à la même grappe que toi et le bonheur de te donner des yeux et de l’âme, autant de baisersb que tu m’as envoyé de grains de raisin. Donc ce soir nous gourmandiserons de compagnie et nous nous aimerons à qui mieux mieux.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 234
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « en te faisant remarqué ».
b) « autant de baiser ».

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