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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er novembre 1864

Guernesey, 1er novembre [18]64, mardi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon cher petit matinal, bonjour et amour sur toute la ligne. J’attends depuis une demi heure qu’il fasse assez de jour pour te gribouiller mon petit salut du matin. Déjà à six heures et demie j’avais ouvert la fenêtre de la rue pour m’assurer que c’était bien ton cher petit signal que je voyais accroché à ton balcon. Après lui avoir envoyé toutes sortes de tendresses des yeux et de l’âme je suis revenue me mettre au lit pendant que mes servantes sont à la messe.
J’espère, mon cher bien-aimé, que tu as passé une bonne nuit et qu’il n’est plus question de ton commencement de rhume d’hier au soir. Il faut prendre bien soin de toi, mon cher petit homme, et te faire faire un bon feu dans ta galerie et te bien couvrir quand tu sors car le temps est déjà très froid. Je te le recommande d’autant plus que je suis décidée à tenir ma santé au niveau de la tienne soit en hausse soit en baisse. Donc si tu t’enrhumes je m’enrhume. Cela est si vrai que depuis hier j’éternue pour n’être pas en reste avec ton ébauche de coryzaa. Ceci dit, le reste vous regarde.
Quand penseras-tu à m’apporter les lettres et les journaux ? Je ne veux pas t’en faire une scie, bien loin de là, mais seulement te rappeler que tu me les as promis de toi-même gracieusement comme c’est ton habitude. Du reste si tu changeais d’avis pour Kesler au sujet de ces mêmes journaux je suis toute prête à lui céder mon tour. Mon exigence n’est que pour ton amour. Je le veux tout entier et à moi toute seule ; pour cela je ne fais pas de générosité à personne, AU CONTRAIRE. A ce propos, quand me redonnerez-vous à TRAVAILLER ? Vous savez que je proteste plus que jamais contre ma destitution et que j’arbore sur mon drapeau la fameuse devise : VIVRE EN TRAVAILLANT OU MOURIR EN COMBATTANT. Donc prenez garde à vous car je veille et je garde mes armes.

J.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 223
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « corriza ».

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