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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 25 octobre 1858, lundi soir, 8 h.

Je suis triste, mon bien-aimé, de la pensée de mon injustice envers toi et je ne sais comment t’en demander pardon et surtout comment te faire oublier ce mouvement d’impatience dont je n’ai pas pu être maîtresse… Mais te voilà et la difficulté va cesser de moitié car un bon baiser donné du fond de mon âme sera plus éloquent pour exprimer mon regret et pour obtenir mon pardon que toutes les pattes de mouches du monde, quelquea barbouillées d’encre qu’elles soient. Je vois que tu es encore souffrant ce soir, mon pauvre petit homme, ce qui redouble en moi le remords de t’avoir tourmenté si follement. Pauvre, pauvre cher adoré, je suis bien punie pour où j’ai péché et je suis peut-être encore plus à plaindre qu’à blâmer. En attendant que tu me pardonnesb dans ton cœur comme tu m’as déjà pardonné de la bouche, je te prie de ne pas me donner un éloge qui ressemble presque à de l’ironie, mon caractère étant malheureusement donné. Je t’aime, mon Victor, et n’ai aucun mérite à me dévouer à toi qui es ma vie, ma joie, ma lumière et mon bonheur. Mais j’ai le plus grand tort de gâter mon amour par des emportements injustes et odieux. Pardonne-moi et aime moi toujours si tu peux.

Bnf, Mss, NAF16379, f. 302
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « quelques ».
b) « pardonne ».

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