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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 4 octobre 1858, lundi soir, 5 h. ¾

Je n’ai eu que trop raison de te forcer à prendre un parapluie tout à l’heure, mon cher bien-aimé, et malgré cette précaution, je crains encore que tu n’aies été mouillé. Te voilà justement. Je vais savoir si tu n’es pas trempé jusqu’aux os.

7 h. ½

Je reprends mon gribouillis presque dans les conditions où je l’avais laissé, mon cher petit homme. C’est-à-dire t’attendant pendant qu’il pleut à verse et avec le souci que l’humidité ne te fasse mal. La cruelle expérience que nous venons de faire de l’influence de la température pluvieuse sur ta santé doit nous rendre craintifs et prudents. Aussi, je ne me lasserai pas de te recommander d’éviter le plus possible la pluie, le brouillard et le froid. Tant pis si cela vous ennuie, cela ne me regarde pas. Pauvre grand adoré, je t’aime ; je ne veux pas que tu souffres dans ta santé ni dans ton âme ; aussi j’attends avec impatience une explication qui fera cesser le malentendu [1] qui t’inquiète et t’attriste en ce moment. Quant à moi, j’ai la ferme conviction que tu es l’objet de la plus tendre et de la plus pieuse affection de toute ta famille et ce n’est pas un mouvement de mauvaise humeur d’enfant gâté qui peut me l’ôter ou l’affaiblir. Ce n’est pas seulement le devoir et l’honneur de sa vie qui retient ta famille auprès de toi, c’est surtout par-dessus tout l’amour, le culte et l’adoration qu’elle a pour toi. Je te le dis comme je le pense, mon bien-aimé, et avec la certitude de ne pas me tromper. Je sens que mon cœur s’entend trop bien avec ceux de Hauteville House pour qu’ils puissent jamais te quitter.

Juliette

Bnf, Mss, NAF16379, f. 281
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

Notes

[1À propos de cet incident, Hugo note dans son agenda « ta maison est à toi, on t’y laissera seul. » (CFL, t. X, Agendas, p. 1456).

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