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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 octobre [1844], lundi matin, 9 h. ½

Bonjour mon petit Toto, bonjour mon cher petit homme chéri, comment que ça va ce matin ? Moi je vais très bien, je t’aime et j’ai l’espoir de passer une partie de la soirée avec toi, donc je vais bien, très bien, on ne peut pas mieux.
Je te ferai préparer à souper pour quand nous reviendrons, ce sera charmant. Je voudrais déjà être à ce soir. D’ici là, je vais bien te désirer et bien compter les minutes les unes après les autres, comme si cela pouvait hâter le moment où je serai avec toi. Je te fais penser mon Toto, que tu n’as encore rien décidéa pour Dabat [1] ; dans le cas où tu l’aurais oublié, je t’en avertis afin que tu ne te trouves pas pris de court au moment où tu en aurais besoin. Il faudra aussi que tu me dises ce que je dois écrire à Mme Marre pour ce qu’elle désire que tu fasses dans l’intérêt de son mari.
Cher amour, je te tourmente toujours ; il n’y en a que pour moi ; vraiment, j’en suis honteuse. Paul Foucher est un modèle de réserve et de discrétion auprès de moi. Je sens bien tout ce qu’ontb d’excessif mes demandes réitérées. Je le sens mieux que je ne sais l’exprimer. Je sens que tu es un pauvre ange que j’aime de toute mon âme, que j’admire, que je vénère et que j’adore. Mon Victor bien aimé, laisse-moi te dire et te répéter ce qui fait toute ma vie : que je t’aime à l’adoration.
Je suis bien heureuse. Je serai avec toi ce soir, quel bonheur !!!!!!!!!c
J’envoie des baisers à mon ravissant petit portrait, à mes deux ravissants petits portraits que je vois d’ici et qui sont très ressemblants. C’est bien pour cela qu’ils sont si charmants. Je les baise des yeux et du cœur, je leur dis toutes les tendresses et toutes les folies qui me passent par la tête et que je n’ose pas dire à leur illustre original. Je les aime, je les aime et vous encore plus.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 297-298
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « décider ».
b) « a ».
c) Les neuf points courent jusqu’au bout de la ligne.


28 octobre [1844], lundi soir, 5 h. ¾

Heureusement que j’ai l’espoir de te voir bientôt, mon adoré, sans cela je serais la plus à plaindre des femmes. Pense que je ne t’ai pas vu du tout de toute la journée, c’est bien long et bien triste. Mais enfin, voilà cette mortelle journée passée, je n’ai plus que très peu de temps à attendre je l’espère. Qu’est-ce que tu as fait toute la journée, mon bien-aimé chéri ? Tu as travaillé, comme toujours, pauvre ange. C’est bien vrai que tu es un pauvre ange du bon Dieu. Je baise tes pieds.
Je t’ai fait mettre une tasse de bouillon de côté, tu la prendras avant de partir et ce soir tu auras ton bon petit souper tout chaud auprès du poêle. Je voudrais te donner, dans les quelques moments que tu passes avec moi, tous les soins et toutes les douceurs de la vie dont tu fais une si courageuse abnégation depuis un bout de l’année jusqu’à l’autre.
Je t’aime mon Victor. Je t’aime, je te baise partout.
Suzanne vient me presser de diner et comme je ne veux pas te faire attendre, je me hâte de te dire que tu es mon amour ravissant, charmant, bien aimé et bien adoré, que je voudrais te couvrir de baisers depuis tes fins cheveux jusqu’à tes chers petits pieds sans omettre aucune station dans l’intervalle.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 299-300
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Il s’agit du bottier d’Hugo. La veille, Juliette écrit : « Tu auras des pantoufles de velours.  »

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