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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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5 octobre [1844], samedi matin, 11 h. ¼

Bonjour, mon Toto chéri, bonjour, mon cher amour adoré, bonjour, mon Toto. J’ai fait ce que vous vouliez, je n’ai pas lu dans mon lit et j’ai lu ce matin la chronique, du moins ce qui m’intéresse. Quant à l’archéologie, je n’ai pas pu trouver ce que je cherchais. Je verrai tantôt si je serai plus heureuse.
En attendant, mon cher petit homme, je vous gribouille ce petit mot pour vous dire que vous êtes mon Toto bien aimé et bien adoré. Jour Toto, jour mon cher petit o, comment que ça va ? C’est aujourd’hui que vous rentrez en possession de vos goistapioux. Ce pauvre [Carlinpsto  ?] [1] va se trouver plus sot et plus carlin que jamais. Pauvre homme, je le plains très sincèrement et je me reproche comme toi de rire de ce malheureux monstre amoureux. Je ne veux plus en parler jamais en riant.
Tu dois remarquer, mon Toto, que depuis que Claire est retournée à la pension, le temps est devenu beau. C’est un effet de son guignon et du mien. Chaque fois que je dois sortir, il pleut. Chaque fois que cette pauvre enfant est à la maison, il fait un temps de chien, ce qui prouve net comme domino qu’elle est bien la fille de sa mère et que je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 215-216
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette


5 octobre [1844], samedi soir, 8 h.

Malgré votre noble indignation tantôt, mon cher petit floueur, je persiste à croire que vous alliez diner en ville ce soir. Je saurai cela quand je vous verrai car j’espère que vous n’êtes pas homme à me cacher un dîner accompli. En attendant, je regarde ma pendule et je compte les minutes comme ceux de [Viez  ? Fiez  ?]. C’est une noble occupation, je le sais, mais j’aimerais mieux autre chose.
Mme Luthereau venait me dire que l’affaire de son fils allait se décider dans deux ou trois jours et que cela dépendait de M. Trébuchet. Elle craint l’influence d’un M. de Rieux-Blanc [2] qui est tout à fait contraire à la chose en question. Elle venait te supplier de recommander de nouveau l’[illis.] de son fils à ton cousin. Il s’agit pour lui, dit-elle, de gagner 80 mille francs par an. Je lui ai promis de faire sa commission mais je crains vraiment d’outrepassera toute convenance et toute discrétion, sinonb pour toi, l’obligeance et le dévouement fait homme, au moins ceux de ton cousin ! Du reste, elle n’a vu M. de Férol qu’un moment avant son départ pour Liancourt. Il a paru ravi de ce qu’on avait bien voulu agréer son cadeau. Il paraît, d’ailleurs, qu’il est le gendre de l’auteur d’Agrippine [3] donné à l’Odéon l’année passée. Voilà, mon Toto chéri, ce qui, par parenthèse, m’estc fichtrement égal. Ce qui ne me l’est pas c’est si vous ne m’aimez plus. Oh ! alors prenez garde à vous car je vous tuerai pour de bon.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 217-218
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « outre passer ».
b) « si non ».
c) « mais ».

Notes

[1A élucider. Il s’agit peut-être d’un surnom qu’elle attribue à Charles Hugo.

[2À élucider.

[3L’auteur de cette tragédie créée le 1er juin 1842 à l’Odéon est le Marquis de la Rochefoucauld-Liancourt.

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