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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 septembre [1844], vendredi matin, 11 h.

Bonjour, mon Toto chéri, bonjour, mon toujours plus bien-aimé, bonjour, comment vas-tu ? Est-ce que je ne te verrai pas un peu plus qu’hier, mon cher amour ? Ce sera bien ennuyeuxa et bien chesse. Enfin, il faut bien vouloir ce qu’on ne peut empêcher. Et, surtout, il ne faut pas te fatiguer de mes plaintes au-delà de toute mesure. Le temps paraît rassis, mon Toto. Peut-être serait-il prudent de faire notre fameuse partie demain, si tu le peux, bien entendu. Nous avons bien peu de temps devant nous d’ici à la rentrée des classes et nous aurions beaucoup de choses urgentes à faire, si tu voulais, d’ici là.
Pauvre ange adoré, je te tourmente sans cesse et bien malgré moi. Mais c’est que je ne peux pas vivre sans toi, c’est ce qui me rend hargneuse, impatiente et injuste. Je t’en demande pardon, c’est à dire je te demande pardon de t’aimer trop.
Jour Toto, jour mon cher petit o, papa est bien i. Il pourrait l’être encore bien davantage si …….b voilà la chose, je n’en dirai pas davantage pour ne pas me compromettre En attendant que vous veniez le plus tard que vous pourrez, je vous baise sur toutes les coutures.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 169-170
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) « ennuieux ».
b) Les points courent jusqu’au bout de la ligne.


20 septembre [1844], vendredi après-midi, 3 h. ½

J’espère, mon bon petit bien-aimé, qu’il ne t’est rien arrivé et que c’est seulement ton travail qui te retient loin de moi ? J’ai besoin de le croire pour ne pas ajouter une affreuse inquiétude à une affreuse impatience. Si je n’étais pas Juju, c’est à dire tout ce qu’il y a de moins chanceux au monde, j’espèrerais que cette absence prolongée serait pour me donner la journée de demain toute entière. Mais, hélas ! je suis trop Juju pour cela.
Je ne t’aurai pas vu de la journée, je ne te verrai peut-être pas de toute la soirée, et demain ce sera à recommencer. Quel bonheur !!!!!!a
Je ne veux pourtant pas me plaindre trop haut pour ne pas offenser le bon Dieu car il y a un malheur plus triste que ton absence et auquel je ne résisterais pas, ce serait que tu sois malade loin de moi. Je ne veux même pas y penser dans la crainte de l’attirer. Je t’aime, mon Victor, ne sois pas malade, aime-moi et viens bien vite, et je serai la plus heureuse des femmes.
Je vais faire faire la dictée de Claire tout à l’heure, cela te donnera le temps de venir. En attendant, je t’aime, je te bénis et je t’adore. Je baise tes cheveux, ton front, tes yeux, ton nez, ta bouche, tes mains, tes pieds et le reste.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 171-172
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

a) Les six points courent jusqu’au bout de la ligne.

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