23 janvier 1879

Paris, 23 janvier [18]79, jeudi matin, 7 h. ½

Cher bien-aimé, tu paraissais en si bonnes dispositions de santé et de gaieté^a hier soir que j’augure toute une grande nuit de bon sommeil pour toi ; puissé-je^b ne pas me tromper. Quant à moi, j’ai très bien dormi et je me prépare à prendre un bain ce matin si c’est possible par ce temps de neige et de glace qui peut empêcher les conduits d’eau de fonctionner ; c’est ce que nous saurons tout à l’heure. En attendant j’ai déjà fait ma visite à Petite Jeanne endormie et je sais que son petit festival intime a été très gai qu’on s’y est fort amusé et qu’on a tout dévoré à belles dents. J’espère qu’on trouvera pour elle aujourd’hui quelques nouveaux amusements pour lui faire prendre courage et patience ce qui deviendra de plus en plus difficile jusqu’au moment où elle pourra se lever et marcher librement [1].
Il est venu hier soir une convocation du Sénat pour demain vendredi à deux heures bureau n^° 4. Ordre du jour : Amnistie. Prière d’y assister. Signée : Scheurer-Kestner. Je t’en ferai souvenir demain et d’avance je crois qu’il ne faudra pas partir d’ici plus tard que midi et demi^c si tu veux être exact à la réunion indiquée. De mon côté je me tiendrai prête à t’accompagner, si tu le permets, comme je l’espère, en te souriant et en t’aimant de toute mon âme.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 24
Transcription de Chantal Brière

a) « gaité ».
b) « puissai-je ».
c) « demie ».