Guernesey, 2 avril 1858, vendredi soir, 7 h ½
Le déluge de Quesnard continue de verser le trop plein de sa bedaine sur les pauvres humeurs et sur les Guernesiais, mon cher petit homme, ce qui m’oblige à éponger souvent les embrasures de mes fenêtres par où l’eau s’infiltre, cependant, je ne renonce pas pour cela à mon bain demain ne fusse que pour honorer saint Gribouille, lequel se fichait de la pluie en se fourrant dans l’eau comme vous le savez. Du reste, mon grand savant, ce sera d’ailleurs un prétexte AD HOC pour aller à la conquête de mes aventureuses chaises [1]. Ce bain est à double détente comme les RÉVOLVERS américains, ce qui n’est pas défendu par les autorités locales. Donc je vous donne rendez-vous pour demain sur la terre et dans ma baignoire ; à pied et sur mes chaises… Curules ; dedans et dehors mon cœur partout où le corps, la pensée et l’âme peuvent GRAVITER.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16379, f. 72
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette