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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 6 déc[embre] [18]78, vendredi matin… ?

Quelle heure est-il ? Il fait nuit, ma montre radote et mon cœur fait comme elle. À tout hasard je t’aime comme en plein jour, comme en pleine jeunesse, avec tout mon cœur et de toute mon âme. En retard sur le cadran de la vie et en avance sur celui de l’éternité où je voudrais être déjà pour y abriter notre amour et notre bonheur, la même chose en deux mots synonymes.
Mon souci en ce moment est de penser que, toi, aussi, de ton côté, tu es en proie à l’insomnie. Insomnie féconde et sublime, c’est vrai, mais bien dangereuse quand elle se répète et se prolonge toutes les nuits comme elle le fait depuis que tu as repris ton travail [1]. Je donnerais tout au monde pour trouver le moyen de te rendre le sommeil normal et régulier que tu avais autrefois. Malheureusement ce n’est pas en mon pouvoir. S’il suffisait de t’aimer pour te donner le repos et le bonheur tu le retrouverais tout de suite ou plutôt il ne t’aurait jamais manqué car je t’aime comme jamais homme avant toi n’a été, n’est et ne sera aimé par une femme comme tu l’es par moi. Mieux vaudrait t’aimer moins et savoir te rendre heureux et te garder de tout mal. Moi je ne sais, ne peux et ne veux que t’adorer ce n’est pas ma faute.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 200
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Hugo travaille à son recueil de poèmes Toute la Lyre.

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