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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 26 nov[embre] [18]78, mardi matin, 6 h.

Cher bien-aimé, je te donne mon premier bonjour entre deux chandelles allumées ; de tout mon cœur flambant d’amour, comme autrefois, et de toute mon âme rayonnante déjà des splendeurs de l’aube Éternité. Je crains que tu n’aies eu encore quelques heures d’insomnie cette nuit mais j’espère aussi que tu as déjà repris ton somme depuis longtemps pour le conduire le plus avant possible dans la matinée. Je ne pense pas que nous ayons personne à dîner ni à déjeuner aujourd’hui ce qui nous permettra de sortir et de rentrer quand et comme il nous plaira. Entre temps, comme disent les Belgique oies, je te prierai de m’assister dans le placement de ton grand beau portrait qui menace, lui aussi, de tomber dans le gouffre de l’arriéré comme tant d’autres bonnes et douces choses de notre cher passé ! Puis il faudra (corvée immense) que tu donnes quelques minutes à l’ouverture de ta clayère de lettres (j’allais dire d’huîtres). Heureusement que j’ai arrêté à temps cette coquille, la plus [plumée  ?], pour revenir à mes chers moutons que je mène paître, hélas ! dans ta vaine pâture où ils ne trouvent pas même à tondre la largeur de leur langue [1] tant ce pré est brouté et rebrouté dans tous les sens par les brebis galeuses qui l’arpentent du soir au matin et du matin au soir. Et pourtant je t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 191
Transcription de Chantal Brière

Notes

[1Allusion à la fable « Les animaux malades de la peste » de Jean de La Fontaine.

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