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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 20 avril [18]78, samedi soir, 7 h.

C’est une grande perturbation dans nos habitudes que de donner à déjeuner à des personnes étrangères à nous, c’est pourquoi, mon grand petit homme, la promenade aidant, je ne t’ai pas encore gribouillé ma restitus. Au moment même où nous montions en voiture tantôt pour aller au bois il se commettait un affreux crime presque dans notre voisinage. Un misérable marchand de bibelots qui fait le coin de la rue de La Rochefoucauld et de la rue Saint-Lazare assassinait de trois coups de couteaua un pauvre garçon de recette [1] pour lui voler sa sacoche qui contenait onze mille francs. Le cri terrible, le seul qu’il ait pu pousser en se sentant frappé, avait fait sortir les boutiquiers voisins de leur maison et, en voyant fuir l’assassin avec la sacoche, [ils ?] s’étaient mis à sa poursuite instinctivement et ils l’ont arrêté rue Taitboutb. Il paraît qu’il avait attiré ce pauvre garçon de recette sous prétexte de lui demander de la monnaie. L’homme est mort, on dit qu’il laisse une femme et cinq enfants sans ressource. Quant à l’assassin on ne dit pas qu’il ait de la famille. Il louait sa boutique à la journée voilà tout ce qu’on en sait jusqu’à présent. C’est une horrible histoire. Cher adoré, que Dieu te protège et te bénisse autant que je t’aime. Voilà ma prière de tous les instants.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 106
Transcription de Chantal Brière

a) « couteaux ».
b) « Taibout ».

Notes

[1Employé chargé d’encaisser les effets de commerce dans une maison de commerce ou dans une banque.

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