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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 avril 1878

Paris, 10 avril [18]78, mercredi soir, 5 h.

Ça n’est pas payé trop cher d’une nuit et d’un jour d’horribles souffrances, mon ineffable grand bien-aimé, l’adorable petite lettre que tu viens de m’écrire et je t’en remercie avec toute la joie de mon cœur et avec toutes les bénédictions de mon âme. Grâce à toi, cesa quelques heures de douleur sont changées en une éternité de bonheur. Merci, je t’adore ! J’ai peur, mon grand petit homme, que ta promenade sous cette pluie épaisse ne te soitb nuisible et maussade. D’un autre côté, je sens que ton corps, comme ton esprit, ont besoin de diversion à ton travail intérieur et casanier et qu’il est prudent et utile pour ta chère santé d’aller et venir au-dehors par quelque temps qu’il fasse. L’important est que tu consentesc à prendre quelques précautions hygiéniques contre des temps comme celui-ci. Je donnerais tout au monde pour que notre cher Paul Meurice ait le succès qu’il mérite d’avoir pour ce drame si attachant, si bien fait et si émouvant : LA BRÉSILIENNE [1]. Pour ma part je n’aurais pas mieux demandé que d’aller l’applaudir encore ce soir et autant de fois qu’il aurait fallu pour déconcerter les cabaleursd et les imbécilese, pour entraîner les ignorants, pour soutenir les indécis et pour me réjouir à mains et à cœur que veux-tu ? avec les convaincus, les vaillants et les enthousiastes. Si nous avions pu en parler avant l’arrivée de ce cher doux et grand ami, je te l’aurais demandé. Mais j’ai cru devoir m’abstenir devant lui. En attendant que l’occasion d’aller l’applaudir de nouveau se présente, je fais les vœux les plus ardentsf pour un succès éclatant et grandissant de représentation en représentation pendant très longtemps. Bon voici le brave et excellent Lesclide, je vais aller le recevoir et lui recommander tes quatre vers ajoutés. N’oublieg pas si tu peux le dessin de Saint-Victor qui le réclame à cor et à cri et sois béni pour ton adorable et adorée petite lettre.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 97
Transcription de Chantal Brière

a) « c’est ».
b) « sois ».
c) « consente ».
d) « caballeurs ».
e) « imbécilles ».
f) « ardent ».
g) « N’oublies ».

Notes

[1La création a eu lieu la veille au théâtre de l’Ambigu-Comique.

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