27 janvier 1878

Paris, 27 janvier [18]78, dimanche soir, 5 h. ¾

Pauvre Paul Foucher ! Je crains qu’il ne soit plus pincé qu’il ne se l’avoue à lui-même et qu’il ne souffre déjà cruellement de sa blessure. Cela est d’autant plus malheureux pour lui qu’il est déjà malade d’une maladie terrible qui ne pardonne pas ; ce soir son oppression faisait mal à entendre et il pouvait à peine parler. J’espère que Vacquerie ne sera pas trop dur pour lui et qu’il sera indulgent pour sa méprise. En attendant que son sort se décide, tu l’as préparé avec ta bonté, ineffable et quasi divine, à la déception inévitable qui doit lui arriver. M^me Lacretelle m’a écrit tout à l’heure que son mari ne s’était pas souvenu l’autre soir quand nous l’avons invité qu’il était déjà engagé précisément vendredi prochain. Mais je suis bien tranquille de ce côté-là car nous n’aurons, comme toujours, que l’embarras du choix dans nos nombreux et charmants hôtes habituels. Autre guitare, je te fais souvenir que tu as beaucoup de lettres en souffrance et qu’il serait utile que tu voies. Il paraît que M^me Jules Simon est venue hier chez M^me Lockroy mais elle s’est abstenue d’entrer chez nous craignant de te déranger. Tu sais que je n’ai pas encore remercié Camille Sée de son magnifique petit cabinet en laque rouge !!! Je ne sais plus du tout comment me tirer de là, maintenant, si tu ne viens pas à mon secours. Est-ce que tu n’auras pas pitié de moi ? Machin dirait : que sais-je ? et Chose : peut-être ? et moi je dis sans qu’on me souffle : je t’adore.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 24
Transcription de Chantal Brière