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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 15 décembre 1856, lundi soir, 8 h.

Je compte sur ta promesse, mon doux adoré, tout en me résignant d’avance à ne pas te voir ce soir, si ta présence doit hâter d’une minute la délivrance de ton enfant chérie, ou même ne lui donner qu’une sensation fugitive de calme et de bonheur. En attendant, je t’écris comme si tu avais assez de liberté d’esprit pour t’intéresser à mes pauvres gribouillis, quoique je sachea bien qu’il est impossible que tu songes à faire même le moindre petit signe de reconnaissance à ces pauvres tendresses honteuses de mon âme. Mais l’habitude est si fortement enracinée en moi de te donner mon cœur sous cette vilaine forme qu’il m’est presque impossible de m’y soustraire. Il ne me suffit pas de t’aimer au-dedans de moi sur des ailes de flamme, il faut que je t’aime au-dehors avec une plume d’oie. Pardon, mon cher adoré, de ce jeu de mot stupide et involontaire qui échappe à ma sincérité et malgré l’état de mon âme si pieusement grave et recueillieb en ce moment. Je t’aime, mon Victor, je prie pour ta fille et pour ta pauvre sainte femme et j’appelle à notre secours les âmes bénies de nos enfants du ciel.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16380, f. 283
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette
[Souchon]

a) « saches ».
b) « recueilli ».

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